Bagdad, envoyé spécial.
Soumis conjointement à l'embargo et au ramadan, l'Al Akidass Al Ihtifali ne se présentait pas hier sous les hospice les plus heureuses à Bagdad. L'embargo a centuplé le prix des sapins de Noël et des bougies sur le marché de la place Al Watani. Le ramadan, lui, interdit la vente de champagne, l'ouverture de cabarets et condamne surtout l'expression publique de toute festivité dans les restaurants et cafés. Al Akidass al Ihtifali est la messe de minuit que Chaldéens, Assyriens, Syriens, Romains ou orthodoxes célèbrent, certains depuis près de deux mille ans, en terre babylonienne. Au contraire des juifs, les chrétiens arabes d'Irak sont massivement restés après la Révolution baassiste, qui a respecté leur foi. Ils sont principalement établis dans le Nord du pays et dans la capitale, où ils possèdent de magnifiques monastères et prieurés. Même si une majorité d'entre eux, lasse de la misère provoquée par l'embargo, inquiète des références de plus en plus nombreuses de Saddam Hussein à l'islamisme et anxieuse des prémices d'un fondamentalisme de rancoeur, tente de s'expatrier, ils étaient encore hier soir 700 000, répétant des rites millénaires, chantant la naissance de Jésus-Christ dans les centaines d'églises du pays. Comme souvent en pareille occasion, particulièrement après un bombardement, la dureté de la vie ravive la foi.
Absence. Ils en est d'autres qui, chrétiens ou pas, ont profité de Noël. Ce sont les délégués de la mission humanitaire de l'ON