Le Père Noël n'existe pas encore pour les petits Cubains, mais les
gamins du Vedado, pour qui toute occasion est bonne pour rigoler, lui ont quand même fait la fête hier soir en se nichant dans les arbres du grand parc près de l'église du Rosaire. A la lueur des projecteurs qui perçaient l'obscurité habituelle dans ce quartier de La Havane, seules dépassaient du feuillage leurs faces rigolardes, accrochées aux branches comme des boules de sapin de Noël. Côté spectacle, le curé avait fait les choses en grand en illuminant aux couleurs de l'emblème national (bleu, rouge, blanc) la façade du vieux sanctuaire abandonné depuis les lendemains de la révolution. Bonne nouvelle. Les bonnes soeurs de la paroisse, elles, s'étaient chargées de la sono avec quelques militants de l'Action catholique. «Nous avons eu le temps, dit le chef électricien. C'est le 1er décembre que Granma (le quotidien officiel, ndlr) nous a appris la bonne nouvelle: avec la bénédiction de Fidel, Noël allait redevenir un jour férié à Cuba, pour la première fois depuis 1968.» La messe de minuit 22h30 en réalité a été célébrée en plein air devant l'église. Une «manifestation» inédite sur la place publique depuis une quarantaine d'années: les offices religieux sont confinés d'ordinaire dans l'intimité d'un bâtiment paroissial invisible de la rue. La providence s'est mise de la partie en déployant assez de brise pour colporter dans tout le quartier l'écho des cantiques de circonstance. Curiosité. Gisela, 21 an