Khieu Samphan et Nuon Chea, deux des plus importants dirigeants du
régime khmer rouge au pouvoir de 1975 à 1979, se sont rendus aux autorités cambodgiennes, vendredi soir à Pailin (ouest du pays), où ils ont été reçus comme des hôtes de marque. Le général Meas Sophea, chef d'état-major adjoint de l'armée, a précisé qu'ils s'étaient rendus «sans conditions», alors que de nombreux observateurs estiment qu'ils ont négocié leur reddition. «Au fond, c'est un accord d'amnistie», affirme ainsi Nate Thayer, de la Far Eastern Economic Review. Khieu Samphan et Nuon Chea, qui se sont entretenus par téléphone avec le Premier ministre Hun Sen, devraient arriver demain à Phnom Penh.
Les deux hommes, qui souhaitent redevenir des «citoyens normaux», peuvent être tenus pour responsables du génocide qui a coûté la vie à environ 1,7 million de Cambodgiens. «Du point de vue du gouvernement royal, Nuon Chea et Khieu Samphan sont OK, mais leur sort est du ressort d'une cour internationale en ce qui concerne les crimes de génocide», a assuré un haut responsable de l'administration, sous couvert d'anonymat. A Phnom Penh, le vice-président de l'Assemblée nationale, Heng Samrin, a fait savoir que le gouvernement n'avait pas encore pris de décision quant à un éventuel procès des transfuges.
Le Cambodge est soumis à une intense pression internationale pour juger les responsables d'un régime parmi les plus sanglants du XXe siècle. En novembre, des juristes mandatés par l'ONU se sont rendus à Phnom Penh pou