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Libération
Reportage

«Farclandia», sanctuaire de la guérilla en Colombie. Dans la zone qu'elles tiennent, les forces révolution-naires contrôlent les contrats publics, les élections, et prélèvent leur dîme sur les récoltes et le bétail.

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publié le 29 décembre 1998 à 17h49

San Vicente del Caguan envoyé spécial.

Un vrai Club Med à la campagne. Le sentier qui mène au «casino», le mess des officiers, serpente à travers le gazon et traverse un lac artificiel sur une étroite passerelle. Quelques oies cacardent au soleil. Une section de soldats ratiboisent l'herbe à grands coups de débroussailleuses, d'autres astiquent nonchalamment des bungalows de très civile allure éparpillés sur les 400 hectares du camp. C'est ce havre de paix qui hébergera, le 7 janvier, le président de la République, Andrés Pastrana, quand celui-ci affrontera autour d'une table ronde, pour discuter d'une improbable paix, Manuel Marulanda, le chef des Farc, la plus puissante guérilla de Colombie (Forces armées révolutionnaires, marxistes). Le colonel Herman Giraldo, 38 ans, et ses 125 hommes ne seront plus là pour l'accueillir. Eux aussi auront déguerpi, comme les 900 fantassins que compte d'ordinaire le bataillon de chasseurs de San Vicente del Caguan, qui se sont repliés, avec tout leur arsenal, cinquante kilomètres plus à l'ouest. L'officier parle du «stress de la paix», du sentiment d'insécurité qu'éprouve un militaire à se retrouver, sans même un pistolet à la ceinture, au coeur de «Farclandia», le sanctuaire de la guérilla. Le 7 août, fraîchement intronisé, Pastrana a en effet accepté, en gage de bonne volonté, de retirer toutes les forces armées de ce territoire grand comme la Suisse, correspondant à la juridiction de cinq municipios (communes). Parole tenue: le 7 novemb