«Je suis désolé, vraiment désolé.» Devant les journalistes qui
l'interrogeaient hier à Phnom Penh, Khieu Samphan, l'un des principaux dirigeants khmers rouges, a d'abord fait mine de regretter le génocide que son mouvement est accusé d'avoir perpétré au Cambodge de 1975 à 1979. Mais ce fut pour ajouter aussitôt que «cette situation est survenue de manière très complexe. Comment pouvons-nous maintenant juger de ce qui était mauvais. ["] Je vous en prie, laissez cela à l'histoire». Le gouvernement de son pays semble prêt à lui donner satisfaction.
«L'intérêt du pays.» Arrivé hier dans la capitale du Cambodge, en compagnie de l'ancien idéologue du régime Nuon Chea, l'ancien président du «Kampuchea démocratique» a été immédiatement reçu par le Premier ministre Hun Sen, lui même ancien Khmer rouge et apparemment peu pressé de juger ces deux hommes, tenus pour responsables de la mort d'environ 1,5 million de personnes. «Nous devons enterrer le passé, a affirmé Hun Sen. Les gens qui firent la guerre veulent se joindre au gouvernement. Devons-nous les tuer afin de poursuivre la guerre? Si nous mettons ces deux personnes en prison, est-ce que ce sera dans l'intérêt de notre pays?»
Ce n'est pas l'avis des organisations humanitaires, comme Amnesty International ou Human Rights Watch qui ont souhaité que les deux hommes soient jugés pour crimes contre l'humanité par un tribunal international. A Washington, le département d'Etat a «espéré que cette reddition apparente [les] amènera à ren