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Libération

Les fous de la machette ensanglantent la Sierra Leone.

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Le Nigeria envoie des renforts pour stopper les «rebelles».
publié le 30 décembre 1998 à 17h58

Quand les rebelles prennent leur temps, ils font jouer leurs

victimes à la «loterie de la vie». Un à un, hommes, femmes ou enfants tirent un petit papier roulé, avant d'être traîné jusqu'à un billot se prêtant à l'exécution du sort échu. «Main gauche», «pied droit», «les deux mains», «les oreilles», des amputations diverses sont le lot commun de cette tombola macabre, dont personne ne sort indemne. Les yeux crevés, le crâne scalpé, le dos «sculpté» au couteau ou au fer rouge, le corps humain n'est que matière première à mutilations. «Il te reste des pieds. Va donc à Freetown et demande au gouvernement de te donner de nouvelles mains», s'est entendu dire un villageois martyrisé. Les partisans du Front révolutionnaire uni (RUF) ont inventé une sémiotique de l'horreur. Depuis sept ans, ils envoient de la brousse leurs «messages vivants», annonciateurs de leur prise du pouvoir. Pendant neuf mois, de mai 1997 jusqu'au mois de février, ils ont fait régner la terreur à Freetown. Chassés de la capitale, ils sont sur le point d'y revenir.

Quand les «rebelles» du RUF ne prennent pas leur temps, ils tuent. Les organismes humanitaires estiment, avec une grande marge d'erreur, qu'entre 10 000 et 20000 civils ont été massacrés depuis 1991. Quelque 700000 personnes sont comptabilisées comme déplacées, plus de 400000 autres s'étant réfugiées à l'étranger, en Guinée et au Liberia. La Sierra Leone, une ancienne colonie britannique, comptant à peine 5 millions d'habitants, ces chiffres illust