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Libération

Silence mondial face à l'impunité annoncée. Personne ne semble avoir intérêt à un procès du régime de Pol Pot.

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publié le 30 décembre 1998 à 17h56

Peut-on faire passer de vie à trépas, par exécutions, famine et

mauvais traitements, plus d'un million et demi de ses concitoyens et bénéficier, vingt ans plus tard, d'une amnistie de fait au nom de la «réconciliation nationale»? Cela ne reviendrait-il pas à ridiculiser dramatiquement toutes les déclarations qu'on vient d'entendre, à l'occasion du cinquantenaire de la Déclaration des droits de l'homme, sur l'apparition incontournable d'une justice internationale? Ce sont les questions qui viennent à l'esprit au spectacle des scènes irréalistes qui se déroulent à Phnom Penh: Khieu Samphan et Nuon Chea, deux génocidaires avérés y sont reçus en grande pompe par le Premier ministre Hun Sen ­ lui-même, il est vrai, un ancien Khmer rouge passé au service des Vietnamiens. Un peu comme des fils prodigues dont il serait de bon ton d'oublier les peccadilles puisqu'ils se déclarent aujourd'hui «très désolés» de leurs forfaits.

Hun Sen embarrassé. On croit rêver, mais c'est d'un cauchemar qu'il s'agit: les deux criminels qui viennent de quitter la zone khmère rouge de Païlin pour rejoindre la capitale cambodgienne et faire allégeance à leur frère ennemi ont toutes les chances maintenant de couler des jours tranquilles. Hun Sen, certes, n'avait pas le pouvoir de leur accorder une amnistie en bonne et due forme. Mais il leur a donné ce qu'on appelle pudiquement à Phnom Penh des «garanties», trop heureux de bénéficier de leurs ralliements et trop prudent pour défier les dirigeants chinois, q