Menu
Libération

Brazzaville: à nouveau la guerre civile. L'armée boucle le sud de la capitale. Le nombre des morts reste inconnu.

Article réservé aux abonnés
publié le 31 décembre 1998 à 18h06

Depuis deux semaines, combien de civils ont été tués au

Congo-Brazzaville? Signe révélateur de l'abandon de l'Afrique, sous des dehors vertueux de «l'Afrique aux Africains», nul ne sait répondre à cette question. Treize jours après des combats à l'arme lourde dans deux quartiers méridionaux de Brazzaville, le sud de l'ancienne «capitale de la France libre» reste bouclé par les forces du général-président Denis Sassou N'Guesso. Il faut un laissez-passer signé du ministre de l'Intérieur pour pénétrer dans ce périmètre, vidé de ses quelque 200 000 habitants. Même la Croix-Rouge n'a pas été autorisée à ramasser les cadavres, «très nombreux» selon des sources indépendantes qui s'avouent cependant dans l'impossibilité d'avancer un bilan avec plus de précision. Le chef de la police congolaise, le colonel Jean François, a indiqué que 400 «Ninjas» ­ les miliciens de l'ex-Premier ministre Bernard Kolelas ­ auraient été abattus par les forces de l'ordre. L'opposition proche de Kolelas, le leader de la province du «Pool» qui s'étend au sud de Brazzaville le long du fleuve Congo, affirme que les «pertes civiles» seraient dix fois plus importantes.

Depuis la fin de cinq mois de guerre civile en octobre 1997, qui s'étaient conclus par la reconquête du pouvoir par l'ex-président Sassou N'Guesso, battu aux élections en 1992, les combats au Congo n'ont jamais vraiment cessé. Le 29 octobre, l'évêque de Kinkala, une ville du «pool», décrivait ainsi la situation: «Ces durs et meurtriers combats