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Libération

Portraits croisés d'enfants de la révolution

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publié le 31 décembre 1998 à 18h05

La Havane envoyé spécial

Bartolomé, 27 ans, agent commercial dans une société étrangère à La Havane. «J'étais bon élève, j'ai juré à l'école d'"être comme le Che. A 16 ans, je suis parti à "l'école de la campagne: trois ans de pensionnat, travaux agricoles le matin, cours l'après-midi, près de La Havane. Je ne me suis pas inscrit aux Jeunesses communistes, ça demandait trop de temps. Je n'ai pas réussi le concours d'entrée à l'université (je voulais être vétérinaire), alors j'ai dû partir au service militaire, deux ans. Les restrictions de la "période spéciale en temps de paix avaient commencé. Pour m'en sortir, je me suis tourné vers les langues étrangères, en espérant travailler dans le secteur touristique. J'ai bossé dur dans l'école pour adultes et j'ai appris le français, l'anglais et l'italien. J'ai conservé de bonnes notions de russe du collège. J'ai pu voyager en France et en Espagne, c'était formidable, mais malgré tout je veux rester vivre ici. C'est une officine de l'Etat qui m'a donné mon emploi. Elle me paie 360 pesos par mois (environ 100 F), mais mon patron étranger doit lui verser un vrai salaire en dollars, et l'Etat garde la différence. Mon patron me donne en douce un complément, et je vis plutôt bien. Il y a de bons côtés ici, la vie est plus chaleureuse que chez vous. J'attends qu'un jour mon pays devienne comme les autres. Ça viendra. Le plus dur? Devoir partager le logement de mes parents et de ma tante. L'intimité, ça n'existe pas. Pour faire l'amour av