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Libération
Reportage

Au Rwanda, l'exode de la guerre des collines. La traque des rebelles hutus du Nord-Ouest chasse 700 000 personnes.

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publié le 2 janvier 1999 à 23h24

Ruhengeri envoyé spécial.

Dans ses voeux à la nation, le président Bizimungu a hier assuré que la sécurité s'était considérablement améliorée dans les régions frontalières de la république démocratique du Congo (RDC). Et pour cause. Depuis trois mois, une étrange hémorragie vide les collines du nord-ouest du Rwanda. Sur le gros million d'habitants que comptait la région, près de 700 000 personnes ont déjà abandonné leurs maisons pour rejoindre l'un des quinze camps qui champignonnent dans les préfectures de Ruhengeri et de Gisenyi.

Nyarutovu, par exemple. Dans un crochet de la route, à vingt kilomètres de Ruhengeri, quatre grosses collines tapissées de huttes de boue et de branchages alignées comme des tuiles marron sale. Il y a un an, l'Armée patriotique rwandaise (APR) et les rebelles hutus s'y battaient entre les bananeraies pour le contrôle de la commune. Aujourd'hui, les rebelles ont été repoussés loin dans les collines, et Nyarutovu a été englouti par son camp. Dans les bureaux du responsable de l'administration communale, les registres sont bien tenus. 55 303 personnes, très exactement recensées, fichées, photographiées, ont laissé leurs champs pour venir attendre les convois du Programme alimentaire mondial (PAM). Selon les experts de l'agence des Nations unies, les 3 000 tonnes de nourriture, distribuées par mois pour toute la région, n'offrent qu'un quart de ration alimentaire par personne.

Répression aveugle. Les convois eux-mêmes ne quittent Kigali que sous escorte