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Libération

Des souvenirs qui dérangent.Il fut un temps où Khieu Samphan voyageait à Pékin, New York, Paris""

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publié le 2 janvier 1999 à 23h24

«Un procès ne sera d'aucun bénéfice pour la nation. Il devra couvrir

les deux cents jours et nuits des bombardements américains (lors de la guerre du Viêt-nam, ndlr ). Il impliquera aussi la Chine. Si on veut un tribunal international, alors nous déterrerons le passé et le présent.» Ces menaces, qui émanent d'un responsable khmer rouge proche de Khieu Samphan et de Nuon Chea, visent à dissuader nombre de pays compromis à un titre ou à un autre dans la tragédie cambodgienne de trop insister pour que justice soit faite. La menace la plus claire est adressée à la Chine, qui a pourtant aidé, armé et protégé les Khmers rouges en tant qu'adversaires irréductibles des Vietnamiens. Il ne s'agit pas, bien sûr, de convaincre Pékin de s'opposer à toute tentative de procès de Khieu Samphan et de Nuon Chea puisque les dirigeants chinois y sont hostiles au nom de ce refus d'ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat qui leur fait également refuser toute idée de Cour pénale internationale. Mais il faut les renforcer dans cette opposition, en laissant entendre qu'un procès des dirigeants khmers rouges ne pourrait se dérouler sans que soit décrite par le menu la collusion ayant existé entre Pékin et le régime génocidaire de feu Pol Pot. Khieu Samphan, qui a rejoint Pol Pot dans le maquis dès 1967 et qui a assuré la présidence du «Kampuchea démocratique» pendant les années du génocide, ne doit pas manquer de souvenirs précis sur les liens entre Chine et Khmers rouges. Il pourrait aus