Bagdad, envoyé spécial.
Trois jours après la dernière salve de missiles, les travaux reprenaient sur l'immense chantier du palais Al-Sejoud, au bord du Tigre. Aucun Bagdadien ne sait rien de ce futur palais présidentiel qu'il est interdit d'approcher, dont il est interdit de parler, dont tous les ingénieurs et ouvriers sont au secret , sinon que ses fastes dépasseront tout ce que ce pays, d'une richesse architecturale inouïe, a connu depuis Babylone. En attendant l'inauguration, sa construction prouve que le savoir-faire irakien est indemne. Son coût exorbitant suggère que l'embargo connaît des subterfuges troubles.
Saddam Hussein et l'Etat irakien auquel il s'est identifié possède déjà une dizaine de palais présidentiels dans le pays. Trois dans la capitale, dont le palais Kasr al-Jemhouri, le seul qui abrite une partie des bureaux de son équipe dirigeante et, en de rares occasions, accueille des personnalités. Deux palais grandioses et kitsch dans sa ville natale de Tikrit, à 160 km sur la route du Nord, très lourdement bombardée la semaine dernière et aujourd'hui ville close. Non seulement Saddam Hussein n'habite aucun de ces palais, mais il ne s'en sert même pas pour y magnifier son autorité. Sa mégalomanie n'est pas du type Ceausescu ou Mobutu; le luxe et l'apparat ne sont pas des marques de son pouvoir. Mais bâtir dans un pays en autarcie, au coeur de Bagdad menacé à tout moment par les Tomahawk, le plus somptueux palais du monde arabe démontre que l'ambition et l