Menu
Libération

La Commission punit l'eurocrate par qui le scandale arrive. Paul Van Buitenen a envoyé un rapport à l'europarlement sur les fraudes de Bruxelles.

Article réservé aux abonnés
publié le 6 janvier 1999 à 23h26

Bruxelles (UE), de notre correspondant.

La Commission européenne renoue avec une pratique antique: tuer le messager porteur de mauvaises nouvelles. On vient d'apprendre qu'elle a suspendu, le 16 décembre dernier, l'un de ses fonctionnaires. Il ne s'agit pas d'un «ripou», loin de là. Simplement, il a eu le mauvais goût de l'accuser, dans un «rapport» envoyé au Parlement européen, de vouloir étouffer toute une série de fraudes et d'irrégularités révélées par les médias (Libération en particulier) depuis le mois de septembre 1998. Ces affaires touchent les conditions de recrutement des contractuels, le programme d'aide humanitaire Echo, les aides pour les régions méditerranéennes et à l'Est, les fonds affectés au tourisme et à la formation professionnelle, les services de sécurité, etc.

Cette décision, brutale, pourrait se comprendre si la Commission de Bruxelles montrait le même empressement à sanctionner les fraudeurs. Or, tel n'est pas le cas: dans la plupart des affaires de fraudes, il faut, en effet, attendre plusieurs mois, voire plusieurs années, pour que les fonctionnaires suspects soient suspendus.

Ainsi Hubert Onidi, un eurocrate qui a reçu des pots-de-vin en échange d'attribution de contrats, a eu tout le temps nécessaire, entre le moment où il a appris qu'il faisait l'objet d'une enquête et celui où il a été suspendu, pour détruire une partie des documents qui l'accusaient. Cette fois, en revanche, il n'a fallu que sept jours pour que Paul Van Buitenen, un Néerlandai