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Libération

Le pouvoir burkinabé ébranlé par la mort d'un journaliste. Norbert Zongo en était le principal pourfendeur.

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publié le 6 janvier 1999 à 23h27

A titre posthume, le journaliste Norbert Zongo réussit ce à quoi il

a consacré les dernières années de sa vie: convaincre ses compatriotes, et surtout le monde extérieur, du double fond criminel du régime de Blaise Compaoré, au Burkina Faso. Quelques semaines après la confortable réélection d'un des présidents d'Afrique francophone souvent cité en exemple de la «bonne gouvernance», la mort suspecte du directeur de l'hebdomadaire l'Indépendant met fin à l'amnésie générale accordée au tombeur de feu le capitaine Thomas Sankara. En octobre 1987, les gardes du corps de Blaise Compaoré, alors numéro 2 d'une junte qui se voulait révolutionnaire, avaient abattu le chef de l'Etat. Le 13 décembre, l'accident mortel de Norbert Zongo semble avoir été le fait d'un semblable «débordement» des proches de l'actuel Président.

Enquête sommaire. Norbert Zongo, de son vrai nom Henri Segbo, est mort à bord d'un Landcruiser à environ 100 km au sud de Ouagadougou, la capitale. Le journaliste, âgé de 49 ans, a été calciné, de même que son frère Ernest, l'un de ses employés et le chauffeur, le seul à s'être extirpé du véhicule en flammes. Rien n'explique l'accident ou la déflagration: il n'y a ni traces de freinage, ni obstacle heurté. En revanche, la voiture diesel a brûlé du haut en bas, laissant les pneus intacts. Sur une vitre et sur la porte arrière droite, des impacts de balles, dont certains pourraient toutefois provenir des munitions de chasse transportées à bord du véhicule. Enfin, selon un