Miami, de notre correspondant régional.
«J'ai confiance en la parole de Marulanda, je crois ce qu'il dit.» Au moment de rencontrer le chef du plus puissant mouvement de guérilla opérant en Colombie, Manuel Marulanda, alias Tirofijo («Tir juste»), le président Andres Pastrana veut crédibiliser les négociations de paix, les premières depuis sept ans, qui s'ouvriront à son initiative ce midi, dans le sanctuaire de l'insurrection, à 590 km au sud-ouest de Bogota.
Ses compatriotes sont beaucoup plus sceptiques. Selon un sondage Gallup publié hier, 74% des personnes interrogées estiment que les Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) ne veulent pas de la paix, et 48% pensent que le processus «part du mauvais pied». Les derniers échos de la guerre justifient largement cette réserve. Les Farc ont notamment refusé de décréter la «trêve de Noël» que leur suggérait Pastrana en gage de bonne volonté. Le dimanche 27 décembre, dans une opération punitive contre les paramilitaires dans le nord-est du pays, une colonne de rebelles a tué une trentaine de civils, dont plusieurs enfants. Mardi dernier, une série de coups de main et d'attentats a laissé neuf morts et huit blessés dans les rangs des forces de l'ordre.
35 000 morts. Mais même sans y croire, les Colombiens rêvent de voir le terme d'une guerre civile vieille de trente-cinq ans. Les affrontements ont fait 35 000 morts au cours de la décennie écoulée, ont contraint un million de réfugiés à fuir leurs foyers, et obèrent le budg