Malgré le soutien maintes fois réitéré de la communauté
internationale, malgré la présence de près de 15 000 «casques blancs» ouest-africains, le président démocratiquement élu de la Sierra Leone a été chassé hier de sa capitale, pour la seconde fois en vingt mois. En début de soirée, les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) ont en effet pris le contrôle du centre-ville et, notamment, de la présidence. Ils ont incendié l'ambassade du Nigeria, le pays qui fournit l'essentiel de la force d'interposition régionale, ainsi que le quartier-général de la police. Dès leur assaut matinal de Freetown, les insurgés avaient libéré les détenus de deux prisons, où étaient incarcérés 43 de leurs partisans, condamnés à mort pour «haute trahison». Également sous les verrous, le chef historique du RUF, le caporal Fodey Sankoh, semblait avoir été transféré à temps dans un autre lieu de détention. Hier soir, le numéro deux du RUF, Sam Bockarie, surnommé «général Mosquito», a proposé un cessez-le-feu en échange de sa libération. «Si Sankoh nous est remis, nous sommes prêts à cesser le combat», a-t-il déclaré à la BBC au téléphone. «Et nous veillerons à ce que les soldats nigérians soient rapatriés en sécurité. Après, notre leader expliquera à la nation la suite.»
Au regard du passé du RUF, un mouvement armé qui sème depuis 1991 la terreur en brousse, cette suite s'annonce catastrophique. Lors de son premier passage au pouvoir, pendant dix mois, les exactions du RUF ont été si flagrantes q