Washington, de notre correspondant.
La journée la plus particulière de l'histoire contemporaine des Etats-Unis a commencé hier à 10 heures du matin, quand le président de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, Henry Hyde, est entré de son pas un peu hésitant dans l'enceinte du Sénat. Debout face aux sénateurs assis dans leurs fauteuils et flanqué de ses douze acolytes (tous des élus républicains comme lui), il a lu en quinze minutes les deux chefs d'inculpation que la Chambre a portés le 19 décembre contre «William Jefferson Clinton, président des Etats-Unis», accusé d'avoir «subverti l'Etat de droit» dont il est en principe le garant suprême en «commettant le parjure devant un grand jury», et en tentant de «faire obstruction au cours de la justice». Hyde a conclu en demandant aux sénateurs d'ouvrir le procès au terme duquel le chef de l'Etat, s'il est reconnu coupable, sera destitué. Le président intérimaire du Sénat, le sénateur de Caroline du Sud, Strom Thurmond, a alors annoncé que le procès commencerait bien à 13 heures (heure de Washington) le jour même, comme le commande la Constitution.
Le sénateur Thurmond, doyen de l'auguste assemblée à l'âge vénérable de 98 ans, dirige le Sénat en lieu et place du vice-président Al Gore, qui s'est récusé en raison d'un évident conflit d'intérêt: il entrera à la Maison Blanche à la minute où Bill Clinton sera déclaré coupable: si une majorité des deux tiers des sénateurs (67 sur 100) vote sa destitution.
A 13h20, le