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Libération

Un couple de civils raconte les tueries du mois dernier à Brazzaville; «Il y avait des cadavres partout».

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publié le 12 janvier 1999 à 23h30

Ancien combattant de l'armée française, Albert Siassia, 58 ans, n'a

regagné son pays natal, le Congo, qu'en 1984. Avec son épouse française, Annie, 52 ans, il a ouvert une librairie à Brazzaville puis, après les premiers troubles et pillages de 1993, une ferme à 17 kilomètres au sud de la capitale. Au terme des cinq mois de guerre civile de l'été 1997, les Siassia ont cru que l'ordre allait être rétabli par le général Denis Sassou N'Guesso, revenu au pouvoir. Mais, en novembre 1997, leur ferme a été pillée par les partisans armés du Président, sous prétexte que «ces biens ont été acquis sous l'ancien régime». Les Siassia sont restés et, patiemment, ont reconstruit. Au regard des exactions et massacres dont ils ont été les témoins à la fin du mois de décembre avant de fuir à Paris, ils ont décidé de prendre leurs responsabilités. Récit à deux voix des événements.

Annie. Tout a commencé le lundi 14 décembre. Les militaires qui refluaient de la région du «pool» ont alors fermé le pont du Djoué, la seule route sortant de Brazzaville vers le sud. Tout le monde a dû «déguerpir». Nous n'avons donc plus pu accéder à notre ferme et nous sommes restés dans notre maison de Brazzaville.

Albert. J'ai envoyé un de mes employés et son beau-frère sur une petite piste, qu'on ne peut emprunter qu'à pied, pour savoir ce qui se passait sur la ferme. Ils ne sont jamais revenus. Je crois qu'ils sont morts. Jeudi 17 décembre, je suis allé au centre-ville. Il y a eu des mouvements militaires, un vent