Bonn, de notre correspondante.
«Vous pouvez dormir tranquilles», «ce nouveau droit de la nationalité est une contribution à la paix intérieure dans notre pays»". Otto Schily, le nouveau ministre social-démocrate allemand de l'Intérieur, a dû rassurer hier en présentant son projet de réforme du droit de la nationalité. Pour l'Allemagne, qui applique, aujourd'hui encore, le droit du sang (pour être Allemand, il faut être de sang allemand, être né sur le sol allemand ne suffit pas), basé sur une loi de 1913, ce projet est en effet révolutionnaire.
Les enfants nés en Allemagne de parents étrangers pourront désormais devenir Allemands, à condition qu'un de leurs parents soit lui-même né en Allemagne ou y soit arrivé avant 14 ans. Le projet réduit aussi le temps de séjour nécessaire pour obtenir la naturalisation (ramené de 15 ans à 8 ans pour les adultes, de 8 à 5 ans pour les mineurs). Plus bouleversant encore, au vu de la tradition allemande: la réforme prévoit la possibilité de garder sa nationalité d'origine et donc de profiter d'une double nationalité. L'Allemagne considérait jusqu'à présent sa nationalité comme un bien trop précieux pour être partagé avec une autre.
Pour faire accepter ces grandes avancées, le nouveau gouvernement les a accompagnées de quelques restrictions. Se verront refuser la naturalisation les étrangers vivant de l'aide sociale ou des assurances chômage, ceux condamnés à plus de neuf mois de prison, ou qui n'arrivent pas «à se faire comprendre en allemand