Alignés sur les murs de l'ambassade du Venezuela, les portraits de
ses prédécesseurs n'autorisent pas le doute. Jeune (44 ans), métis, souriant, fonceur, «El comandante» détonne jusque dans l'organisation de ses trente-six heures de visite privée à Paris où il a accumulé les retards. «Vous comprenez, on est tous des bavards: Chirac (qui l'a retenu une demi-heure de plus que prévu, ndlr), Jospin, moi"» Costume impeccable, cravate violette sur chemise bleue, Hugo Chavez, l'ex-lieutenant-colonel putschiste élu triomphalement à la présidence du Venezuela en décembre, a l'accolade peu protocolaire. Et cette carte de visite bien latino-américaine facilite grandement la campagne de communication entamée avant même son intronisation le 2 février. Du Brésil à l'Espagne, de l'Italie à «cette France où a rêvé Bolivar», grand libérateur de l'Amérique andine et sa référence permanente devant Rousseau et Montesquieu, «El Presidente» veut montrer qu'il «n'est pas le diable qu'on a dit, mais un être humain qui rit, boit du café et veut construire la démocratie». Démonstration ardue surtout auprès des Américains. Premiers clients du pétrole vénézuélien, les Etats-Unis font en effet la fine bouche par peur d'une nouvelle vague populiste dans le sous-continent? devant ce «terroriste» que Clinton est réticent à recevoir avant son intronisation. En attendant que cette affaire se règle, Chavez, qui entend trouver un compromis entre la loi sauvage du marché et la «révolution sociale», a besoin