Strasbourg, envoyés spéciaux.
La Commission survit, mais sous perfusion. La motion de censure votée hier au Parlement européen a été repoussée par 293 voix contre 232 et 27 abstentions. C'est, de loin, le signe de défiance le plus massif envoyé à l'exécutif européen par l'assemblée de Strasbourg en vingt ans: moins de la moitié des 626 eurodéputés lui ont accordé leur confiance.
Mais son président, Jacques Santer, s'en est contenté, se disant, à l'issue de la folle semaine strasbourgeoise, «soulagé et satisfait» du «bon fonctionnement démocratique des institutions européennes». Dans le même temps, dans les couloirs de l'hémicycle, ses bons amis lui prédisaient du sang et des larmes: «Santer, c'est Louis XVI en bonnet phrygien, commentait le Français Jean-Louis Bourlanges (groupe PPE, démocrate-chrétien). On avait le choix entre le supplice et l'exécution par balle. On a opté pour la première solution.» A peine plus charitable, le président du Parlement, Gil-Delgado Gil-Robles, expliquait que la Commission était «sous tutelle» et qu'il serait toujours possible de déposer une nouvelle motion de censure, en avril ou juin" Quant aux «sauveurs» du démocrate-chrétien Santer, les socialistes, ils ne semblaient pas, eux non plus, franchement mécontents de la baffe administrée à l'exécutif: «Je ne pense pas que ce soit un vote de confiance. La Commission a reçu un coup de pied aux fesses», commentait la présidente du PSE, Pauline Green.
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