Strasbourg, envoyés spéciaux.
C'est un séisme politique qui a eu lieu hier, à Strasbourg: on désespérait de voir l'Europarlement assumer son rôle de contrôle démocratique. Jusqu'à présent, après avoir gonflé ses muscles, il s'empressait de rentrer dans le rang au premier coup de fil des capitales. Or, en mesurant chichement son soutien à une Commission empêtrée dans des affaires de malversations et de népotisme, il a enfin justifié son existence. Ce n'est pas un hasard si cela se produit quinze jours après l'entrée en vigueur de l'euro, qui rend plus que jamais nécessaire la construction d'un espace politique européen. Certes, le Parlement n'a pas renversé l'exécutif européen, mais les gouvernements ont imposé des règles rendant quasiment impossible la réalisation d'une telle hypothèse: hier, il aurait fallu que la motion de censure recueille 368 voix sur les 552 eurodéputés présents (sur 626). En revanche, 293 voix ont suffi à la Commission pour rester en place. Dans cette démocratie soigneusement verrouillée, Strasbourg a finalement été aussi loin qu'il pouvait le faire.
En outre, le résultat est presque pire qu'une censure pure et simple: l'équipe Santer est décrédibilisée et placée sous «tutelle du Parlement», comme l'a martelé son président, Gil-Delgado Gil-Robles. Par cet acte, que l'on peut qualifier de fondateur, le Parlement a fait entrer l'UE dans une nouvelle phase de son histoire, celle de la construction d'une union politique. Certes, l'équilibre est précaire, mai