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Libération

«Une énergie qui nous vient du Japon...» A Vladivostok, certains veulent affirmer l'identité de la ville , notamment en mettant sur pied l'amorce d'une société civile.

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publié le 16 janvier 1999 à 23h11

Vladivostok, envoyé spécial.

«La ville est terne, sale», écrivait Joseph Kessel qui y séjourna à l'automne 1918. Vladivostok est toujours en cet hiver 1998-1999 balayé par le vent glacial du Pacifique. Mais c'est la pollution automobile qui noircit les langues de glace gelée sur les trottoirs. Inutile de chercher la vieille ville basse que l'écrivain décrit dans Vladivostok, les temps sauvages. Il n'en reste que de maigres lambeaux resserrés autour de la Sevtlanskïa ­ l'ex-rue Lénine ­, le long de la baie de la Corne d'or. Le reste, l'essentiel, est un charivari de rues sillonnant des collines hérissées d'innombrables barres d'habitations. Mais vues de loin, sur les hauteurs, ces cités de banlieue donnent un air de grande métropole à cette ville étendue sur 40 km qui se refuse à être provinciale. Depuis l'ouverture (aux Russes en 1989, aux étrangers en 1992), Vladivostok sur fond de désastre (l'industrie militaire est ruinée, le chômage considérable) cherche à affirmer son identité. Certains en rêvant de snober les autorités de Moscou, à sept fuseaux horaires de là. D'autres en mettant sur pied l'amorce d'une société civile.

«Catalyseur». Au théâtre de chambre de Vladivostok ­ construit par des prisonniers japonais en 1946 ­, les fenêtres du vaste bureau de son directeur, Leonid Anissimov, donnent sur la baie de la Corne d'or. C'est là que se réunissent, tous les jeudis, depuis deux ans, les membres de la «Réunion civile». Un groupe informel, un club dont Anissimov est l'un de