Vladivostok, envoyé spécial.
A Vladivostok, dans la baie d'Ulysse, les torpilleurs, des sous-marins, ex-orgueil de la flotte russe du Pacifique, ont achevé là leur voyage. Pris dans les glaces, couchés sur le flanc, ils pourrissent. Etrange cimetière marin que ce ressac de Vladivostok, métropole extrême-orientale de la Russie européenne de 700 000 habitants, à un pas de la Chine, deux du Japon, plus près de l'Amérique que de Moscou (près de neuf heures d'avion). Mais ce symbole facile de déchéance se double d'un contre-feu: à quelques mètres de ces monstres de ferraille décatis, des hommes, par dizaines, font un trou dans la glace avec une vrille. Accroupis par moins 15 degrés, tranquilles, ils pêchent. Et ne venez pas leur parler de pollution, de radioactivité. Ils pêchent parce qu'ils «aiment ça» et qu'il «faut bien vivre». L'homme russe résiste à tout, même à l'absurdité.
De l'un de ces immeubles de la presqu'île Chkotta, aux murs écaillés et suintant l'angoisse, sort, endimanchée (c'était, ce jeudi, nouvel an de l'ancien calendrier orthodoxe) et outrageusement maquillée, la fellinienne Olga. Elle raconte en riant comment en décembre, et pendant une bonne partie de l'hiver 1997-1998, elle et ses voisins des immeubles alentour, sont restés sans chauffage. «L'eau gelait jusque dans les toilettes,.»
Un voisin, Valéri, médecin militaire en retraite confirme. «Avec mon radiateur électrique japonais, j'arrivais parfois à atteindre les 16 degrés (C'est aujourd'hui la température q