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Portrait

«Papey» et «Général Mosquito», chefs d'une rébellion sanguinaireLe sexagénaire Foday Sankoh est en prison. C'est pour le libérer que son cadet, Sam Bockarie, a attaqué Freetown.

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publié le 18 janvier 1999 à 23h09

Les leaders successifs de la rébellion sierra-léonaise incarnent

deux générations de desperados dans l'Afrique postcoloniale. L'aîné, Foday Sankoh, aujourd'hui sexagénaire, est sorti caporal de l'armée britannique et a tenté une carrière de photographe, avant d'entrer en prison à chaque fois qu'il dénonçait dans son pays la corruption, la gabegie, des élections truquées ou l'arbitraire de l'après-indépendance. Finalement, en 1989, il a rejoint les partisans de Charles Taylor, warlord au Liberia voisin. «Foday était déjà avec nous dans les camps d'entraînement en Libye et, après, au Burkina Faso», témoigne un compagnon de l'époque. En mars 1991, il porte la guerre dans son propre pays, à la tête d'une «armée de la jungle» composée de déserteurs, de va-nu-pieds et d'enfants-soldats. Portant sandales et bonnet à pompon, avec une tunique de toile de jute, il est l'âme d'un combat d'une rare cruauté: faits prisonniers, des milliers de paysans sierra-léonais sont mutilés, transformés en messagers vivants d'une «révolution culturelle» qui terrorise pour mieux conquérir.

Gardes du corps féminins. Ce n'est qu'en novembre 1996 que «Papey», comme l'appellent ses adeptes en armes, sort de la brousse. A l'occasion d'un accord de paix signé mais jamais entré dans les faits, le monde découvre le visage d'un illuminé débonnaire aux cheveux grisonnants. Qui partage volontiers ses «visions» et fait sensation en compagnie de ses gardes du corps féminins, de jeunes vierges goûtant ses plats et