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Libération

L'Egypte au crible des tables de charité. A la fin du ramadan, elles sont de véritables baromètres de l'opinion.

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publié le 19 janvier 1999 à 23h13

Le Caire, de notre correspondant.

De toutes les couleurs, ornées de guirlandes d'ampoules et de néons, elles se dressent aux carrefours et font partie du ramadan tout comme les lampions (fawanis) que chaque famille accroche à son balcon. Ce sont les tentes multicolores qui abritent les tables de charité (ma'idat al-rahman). Lorsque retentit le coup de canon annonçant la rupture du jeûne (iftar), elles accueillent les pauvres, les nécessiteux et ceux qui n'ont pas pu rentrer chez eux à temps pour fêter en famille. «On ne demande à personne sa religion ni sa condition. Le mois de ramadan est sacré, et tout le monde doit participer à la fête», précise le hagg Abdel Rabbo, qui s'occupe des derniers préparatifs de l'immense table de charité qui occupe un carrefour de Dokki, un quartier chic du Caire. Mais, autant qu'un acte de charité, les tables du ramadan sont un bon indicateur de l'humeur politico-religieuse du moment, une sorte d'«en hausse-en baisse» de la société égyptienne. A l'évidence, les islamistes sont «en baisse». On n'est plus dans les années 1970-1980, lorsque la Jamaa islamiya s'attirait les sympathies des plus pauvres en leur faisant miroiter un monde plus juste réglé selon les principes de l'islam. Né dans les campus, le mouvement est devenu aux yeux de la plupart des Egyptiens une organisation terroriste responsable de la violence islamiste qui ensanglante le pays depuis six ans et demi (1 300 morts).

Cela n'empêche pas les représentants d'un islam tout aussi ri