Denis Halliday, l'ancien responsable du programme humanitaire de
l'ONU en Irak, est un homme en colère. Invité à Paris par différents groupes d'amitiés franco-irakiens, ce haut fonctionnaire irlandais, qui a démissionné en septembre 1998 pour protester contre les conditions d'application de la résolution dite «pétrole contre nourriture», a accusé sans ambages son ancien employeur de «génocide» envers la population irakienne.
«Punition collective». «Il n'y a pas d'autres mots pour le dire, il s'agit d'un génocide. L'ONU doit être tenue pour responsable de négligences envers les fondements mêmes de son action. Saddam Hussein ne se comporte pas bien, mais ce n'est pas une raison pour que les droits de l'homme soient bafoués par les Nations unies. La charte de l'organisation exclut d'ailleurs que les peuples soient visés par son action. Or l'embargo inflige une punition collective à la population civile irakienne, ce qui est inacceptable», a-t-il déclaré hier à Paris lors d'une réunion organisée par le Mouvement chrétien Ve République (les gaullistes de gauche). Citant les chiffres de l'Unicef, il a assuré que l'embargo était responsable de la mort de 500 000 à 600 000 enfants depuis 1990. «S'ajoute une malnutrition chronique qui touche 30% de la population, avec des conséquences sur les générations futures», a-t-il déclaré. Pour lui, la situation engendrée par les sanctions est «tragique», non seulement au niveau sanitaire mais aussi au niveau social, familial et politique: pau