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Libération

L'institution royale de plus en plus contestée. Le pays en crise n'épargne plus Hussein.

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publié le 20 janvier 1999 à 23h14

Amman, envoyé spécial.

Six mois d'absence. Jamais en quarante-six ans de règne, le roi Hussein n'avait quitté aussi longtemps la Jordanie. Après une longue chimiothérapie destinée à traiter un cancer des ganglions lymphatiques, le souverain est, selon ses propres dires, «complètement rétabli» ­ les médecins, plus prudents, parlent d'une rémission ­, et «prêt à reprendre (ses) activités avec le même dynamisme et le même enthousiasme». Mais son apparition sépulcrale aux pourparlers de Wye Plantation, en novembre, avait brutalement fait prendre conscience aux Jordaniens que le «petit roi» n'était pas éternel et qu'il fallait bien songer à sa succession dans un contexte pour le moins difficile.

Car si le roi est malade, son royaume l'est plus encore. Avec un taux de chômage de 27,5%, une économie épuisée par les cures d'austérité sans en recueillir les fruits, des choix géostratégiques (proaméricains et pro-israéliens) contestés par la majorité de la population, dont 70% est d'origine palestinienne, jamais la politique menée par le pouvoir n'a été aussi impopulaire. Jamais non plus l'institution royale n'a été aussi contestée. Ainsi, en mars, lorsque le roi a voulu revenir à Maan «pardonner» aux habitants leur soulèvement de février, il n'a pas pu pénétrer dans la ville. Tout comme lors des émeutes du pain, d'août 1996 à Kerak, ce sont les grandes familles transjordaniennes, base même du pouvoir, qui ont manifesté leur mécontentement.

Parallèlement, le pouvoir, en se raidissant, a