Menu
Libération

Roumanie: la colère des corons. Défiant la police, 15 000 mineurs marchent sur Bucarest.

Article réservé aux abonnés
publié le 20 janvier 1999 à 23h14

La marche des «gueules noires» vers Bucarest continue. 15 000

mineurs de la vallée du Jiu (centre), renforcés par des ouvriers venus de zones limitrophes, sont désormais à 250 kilomètres de la capitale, défiant les forces de l'ordre. Le cortège de marcheurs, de vieux autobus et de camions s'étend sur plus de trois kilomètres. L'armée a menacé d'intervenir si la situation dégénérait. Le président roumain, Emil Constantinescu, démocrate-chrétien, a convoqué une réunion d'urgence des principaux responsables politiques, dont le Premier ministre Radu Vasile et le ministre de l'Intérieur Gavril Dejeu. Extrême droite. Par deux fois en 1990 et 1991 les mineurs du Jiu étaient descendus sur Bucarest à l'appel du président ex-communiste Ion Iliescu pour briser l'opposition libérale. Le leader des «gueules noires» Miron Cozma, emprisonné quelques mois après la victoire électorale des libéraux et des démocrates-chrétiens en 1996, est à nouveau à la tête de ce mouvement soutenu par le parti d'extrême droite Romania Mare (Grande Roumanie), dont il est vice-président, et par les ex-communistes de Iliescu.

En grève depuis deux semaines pour une augmentation de 35% des salaires, les «gueules noires» s'opposent aussi à la fermeture des dernières mines du Jiu «la vallée du chagrin», enfilade de puits et de corons au milieu des Carpates qui fournissait la plus grande partie de l'énergie fossile de la Roumanie socialiste. A l'époque, les salaires y étaient deux fois plus élevés qu'ailleurs. Mais c