Moscou, de notre correspondante.
La nouvelle maladie de Boris Eltsine a été accueillie en Russie avec une étonnante sérénité. Appauvrie par la crise, la population est occupée à survivre. La classe politique, elle, s'est habituée aux éclipses du chef de l'Etat et devant son affaiblissement, chacun semble y trouver son compte. «Il n'y a rien là d'extraordinaire», expliquait dans un raccourci saisissant le Premier ministre Evgueni Primakov, peu après l'annonce, dimanche, de l'hospitalisation présidentielle. Soucieux d'en rajouter dans la normalité, Primakov clamait hier qu'il partait «le coeur léger» pour le Kazakhstan. Le calme n'est toutefois qu'apparent. En l'absence d'un dauphin désigné, la succession présidentielle est dans tous les esprits. D'autant que la maladie d'Eltsine un ulcère qui pourrait nécessiter une intervention semble plus sérieuse que les habituelles pneumonies, bronchites et autres trachéites d'un Président par ailleurs malade du coeur. D'ores et déjà, Eltsine a dû reporter «vers la mi-mars» sa visite prévue en France les 28 et 29 janvier. Sans que l'on comprenne bien en quoi un ulcère est incompatible avec les voyages en avion, ses médecins lui ont interdit tout déplacement pendant trois mois. Autre signe inquiétant: le Président ne «travaille plus sur des documents» la formule rituelle mais il les «feuillette». Délicat équilibre. Curieusement, hormis le leader réformateur Grigori Iavlinski, la classe politique joue la dédramatisation. Comme s'i