Amman, envoyé spécial.
Le roi Hussein s'apprête-t-il à changer de dauphin? Depuis un décret signé de sa main, il y a presque trente-quatre ans, la cause semblait entendue. A sa mort, la couronne devait passer à son frère cadet Hassan, plus jeune de douze ans. Le souverain, qui se remet lentement d'un cancer soigné aux Etats-Unis, vient d'ailleurs pendant ces six mois d'absence de lui confier la régence. Aux yeux de tous, c'était une façon de lui mettre le pied à l'étrier. Or, à peine de retour chez lui, il lui témoigne une froideur visible et ne fait rien pour calmer les rumeurs de guerre de succession. Bien au contraire.
Formule anodine. Ainsi, au cours des derniers jours, ne l'a-t-il pas appelé une seule fois «prince héritier», titre qu'il lui réserve habituellement dans ses discours. Hassan n'est plus, dans ses lettres, «la prunelle de ses yeux». Le message envoyé à sa sortie de la clinique Mayo, dans le Minnesota, se terminait par la formule anodine: «Que la paix soit avec toi, mon frère.» En 1992, lors d'une première hospitalisation à l'étranger, il avait effectué sa rentrée triomphale à ses côtés. A sa descente d'avion, mardi, Hussein a remercié son gouvernement avant de saluer en termes guère élogieux l'action de celui qu'il a présenté comme son «adjoint»: «Il a fait de son mieux», a-t-il dit. Dans la limousine qui l'emmenait de l'aéroport au palais, son épouse, la reine Nour, était la seule autre passagère.
L'entretien qu'il a accordé hier à CNN semble confirmer la disg