Washington, de notre correspondant.
Même ses adversaires en conviennent: Bill Clinton a une fois de plus offert mardi soir aux Américains un extraordinaire spectacle de haute voltige politique. Son discours sur l'état de l'Union était la soirée la plus attendue de l'année à Washington, et un des événements les plus regardés par les téléspectateurs à travers tout le pays. Il en a fait le plus efficace des plaidoyers en faveur de son maintien au pouvoir sans évoquer une seule fois en une heure et quart l'impeachment, le procès en destitution engagé contre lui devant le Sénat. «Peut-être oublions-nous trop souvent, sous la pression du quotidien et dans le vacarme des controverses, que nous vivons l'aube d'une ère nouvelle pour l'Amérique», s'est-il contenté de remarquer à l'adresse de la majorité républicaine qui veut le chasser du pouvoir. Dans un nouveau grand moment de schizophrénie politique, Clinton, chef de l'Etat dynamique, combatif, débordant d'optimisme et d'initiatives, est parvenu à faire oublier pour un soir au moins «Impeachment Bill», Président ridiculisé, paralysé et menacé d'une condamnation pour les crimes de parjure et d'obstruction à la justice qu'il est accusé d'avoir commis dans le cours d'une liaison minable.
Il a annoncé, notent tous les commentateurs, «le programme de gouvernement le plus ambitieux depuis qu'il est arrivé au pouvoir en 1993». Son discours-programme a été une longue liste de propositions populaires dans tous les domaines qui comptent véri