Bucarest, correspondance.
La voix rauque, les lèvres brûlées par le froid, les cheveux longs peignés en arrière, Miron Cozma, 44 ans, leader des mineurs de la vallée du Jiu, reste le héros messianique des «gueules noires» en marche sur Bucarest. Il y a sept ans, il descendait avec ses hommes sur la capitale à l'appel du président Ion Iliescu et se revendiquait néocommuniste. Passé depuis dans les rangs de l'extrême droite ultra-nationaliste et raciste de Romania Mare (Grande Roumanie), il conserve le soutien des anciens nomenklaturistes chassés finalement du pouvoir en novembre 1996.
Posant au «conducator» de la plèbe, Cozma a déclaré la guerre au pouvoir du président Emil Constantinescu, démocrate-chrétien, pour défendre les intérêts de «ses» mineurs de la vallée du Jiu, au coeur des Carpates. Le gouvernement avait décidé d'arrêter les subventions à cause des énormes pertes (500 000 dollars tous les mois). Cozma se pose comme l'ultime recours des milliers de gens qui ne connaissent rien d'autre que la mine, exigeant comme prime de départ 10 000 dollars par tête et deux hectares de terrain. Des revendications impossibles à satisfaire dans les conditions actuelles de l'économie roumaine. Dans ce bras de fer avec les autorités roumaines, il joue son va-tout, car plusieurs leaders syndicaux se disputent déjà la suprématie dans la région des houillères. La grève durait depuis quinze jours. L'intransigeance des autorités a radicalisé les gueules noires. Le mouvement est désormai