Critiqué par la communauté internationale pour avoir laissé en
liberté les deux ex-leaders khmers rouges, Khieu Samphan et Nuon Chea, après leur ralliement au gouvernement le mois dernier, le Premier ministre cambodgien Hun Sen a officiellement demandé hier à l'ONU de procéder à un procès exhaustif des Khmers rouges qui dépasse le seul cadre du génocide polpotiste, de 1975 à 1979. Dans une lettre au secrétaire général, Kofi Annan, Hun Sen considère que justice doit être rendue aux millions de victimes de la guerre civile cambodgienne, depuis l'intervention militaire américaine en 1970 jusqu'à la défaite de la rébellion au printemps 1998. Une façon pour Hun Sen de souligner la nécessité de juger également les responsabilités et complicités de la communauté internationale à l'égard des Khmers rouges.
«La principale requête, afin d'établir un tribunal pour juger les crimes de génocide, est de garantir que la justice sera rendue au peuple cambodgien et que les responsables seront châtiés», précise la lettre remise au représentant spécial de l'ONU pour les droits de l'homme au Cambodge. Hun Sen avait révélé la substance de sa missive samedi lors d'un entretien avec l'AFP et le Monde au cours duquel il avait estimé que «personne ne doit échapper à la justice». Pourquoi oublier «ce qui s'est passé entre 1970 et 1975, quand près d'un million de Cambodgiens ont été tués», avait-il argüé. Selon les historiens, les bombardements aveugles américains ont fait des centaines de milliers de v