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Libération

Kosovo: des réfugiés sous la menace des Serbes et du froid. «Nous ne savons où aller», dit un villageois près de Racak.

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publié le 23 janvier 1999 à 23h09

Petrovo, envoyé spécial.

«Pour qu'Amir ne meure pas de froid la nuit, je l'ai emmailloté dans une couverture, je l'ai frotté en le gardant tout contre moi, près du feu», raconte sa mère, Ajshe Hyseini, 26 ans. Amir a deux mois et demi. Il tête un biberon vide. Le temps est glacial dans le village de Petrovo. La famille, cinq adultes et six enfants, dont le plus âgé n'a que 7 ans, est sortie des bois ce mercredi. Ils y ont passé cinq nuits après l'offensive serbe de vendredi dernier. «Nous étions 500 personnes cachées là-haut», raconte Nezer. Il arbore sur la poitrine un badge de l'organisation humanitaire kosovar Mère Teresa comme si cela pouvait le protéger des balles. Ils font partie des 20 000 nouveaux réfugiés de ces dernières semaines, dont la moitié dans cette seule région, s'ajoutant aux 180 000 personnes déplacées depuis le printemps dernier et temporairement accueillies par leurs proches.

Tri familial. Mercredi, la famille Hyseini est revenue brièvement dans sa maison. C'est la première fois depuis cinq jours. Jusqu'ici, seul un homme à la tombée de la nuit, vendredi passé, s'y était risqué en vitesse: «Juste pour prendre quelques couvertures et quelque chose à manger, explique-t-il, nous avions fui le matin en courant aussi vite que possible.» D'ici quelques heures, la famille va se séparer. Les femmes, les vieillards, les enfants vont partir en direction de la route goudronnée. Ils redoutent les contrôles de la police serbe et attendent que des vérificateurs de l'OS