Jérusalem de notre correspondant
Ici, tout le monde l'appelle par son diminutif «Bibi». Rien d'irrévérencieux à cela. Les boutiquiers de Mahné Yéhouda l'ont proclamé «roi d'Israël». Un titre qu'ils réservaient naguère à Menahem Begin, le fondateur du Likoud. A chaque fois que le premier ministre veut prouver que, malgré ses déboires, sa popularité reste intacte, il vient sur ce marché, le plus grand de Jérusalem. Mercredi, à son passage, la foule jetait des grains de riz. Des badauds lui baisaient les mains. Heureux, Benyamin Netanyahou déclarait: «J'aime ces gens. Si je pouvais, je viendrais ici tous les jours.»
Chômage. Depuis 1997, deux attentats ont ensanglanté ses allées couvertes. Le pays continue de s'enfoncer dans la récession. Le taux de chômage frise les 9%. Le processus de paix agonise. Les ministres quittent tour à tour le gouvernement. Le Likoud se vide de ses principales figures. Rien de tout cela ne semble affecter la confiance de ces militants de la première heure en leur chef. Les commerçants de Mahné Yéhouda, avec leur gouaille et leur franc-parler, incarnent le Jérusalem populaire. Le «souk» est depuis toujours un bastion de la droite nationaliste. Au fond des échoppes, les portraits de Begin rivalisent avec ceux de son successeur.
Ces juifs originaires du monde arabe, longtemps méprisés par l'élite ashkénaze et travailliste, manifestent un attachement sans faille moins à un homme qu'à une machine politique à laquelle ils doivent leur dignité retrouvée. Danie