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Libération

Les députés russes veulent aussi leur «impeachment». Depuis des mois, ils tentent de chasser Eltsine. Tous les prétextes sont bons.

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publié le 25 janvier 1999 à 23h17

Moscou de notre correspondante.

Ce lundi matin, Vadim Filimonov, le président de la commission d'impeachment, a la voix un peu lasse. Un témoin vient encore de se récuser: l'économiste Sergueï Glaziev, retenu par «des obligations majeures». «C'est la seconde fois qu'il se désiste, intervient un député. C'est clair: il ne veut pas venir.» Depuis le 19 juin 1998, la commission parlementaire d'impeachment (on utilise le même mot en russe) contre le président Eltsine siège chaque lundi à la Douma. A des années-lumière du très médiatique procès Clinton, ses travaux suscitent un maigre intérêt. Les témoins les plus attendus ­ Mikhaïl Gorbatchev, Viktor Tchernomyrdine, Andreï Kozyrev, etc. ­ ne se déplacent pas. Et pour cause: la procédure n'a pratiquement aucune chance d'aboutir. D'après la Constitution, taillée sur mesure pour Boris Eltsine, le Président peut être destitué pour haute trahison ou crimes graves. Mais la procédure est jalonnée d'obstacles. Pour aboutir, il faut le soutien des deux tiers du Parlement. Or la Chambre haute est largement acquise au Kremlin. Il faut aussi l'aval ­ très improbable ­ de la Cour constitutionnelle et de la Cour suprême.

Malgré tout, la commission ne désarme pas. Formée de 15 députés, elle reflète les rapports de force à la Douma. Avec trois communistes, dont le président, elle est donc dominée par l'opposition de gauche et nationaliste qui en fait une chambre d'écho pour ses attaques contre Eltsine. Professeur de droit à Tomsk, Filimonov, le