Jérusalem de notre correspondant
Pour une décision importante, Benyamin Netanyahou attend toujours le début du journal du soir. Il est 20 heures, samedi, en Israël, lorsqu'il annonce le limogeage de son ministre de la Défense, Yitzhak Mordechaï. Devant les caméras, il entreprend alors de lire la lettre qu'un coursier vient de remettre à celui qu'il qualifie dorénavant de traître. «Aux cours des dernières semaines, je me suis aperçu que vos ambitions personnelles passent devant toute autre considération.» Il l'accuse d'avoir comploté avec l'opposition dans le but de le faire chuter. «Au même moment, vous me demandiez de garantir par écrit votre place de ministre de la Défense dans mon prochain gouvernement.» Le ton est grave, solennel. Silencieux en arrière-fond, des dirigeants du Likoud entérinent par leur présence le verdict. A quatre mois des élections, le candidat Netanyahou se considère en état de guerre. Sa mise en scène, destinée aux télévisions, doit évoquer une cour martiale.
Tel est le dernier acte de la crise qui secoue depuis des mois la coalition au pouvoir. Yitzhak Mordechaï est le cinquième ministre à rompre avec Benyamin Netanyahou. Avant lui, Dan Méridor, Benny Begin, David Lévy, Yaacov Neeman ont eux aussi quitté le gouvernement avec fracas. Les «princes», ces fils des fondateurs du Likoud, se trouvent tous aujourd'hui soit en rébellion contre leur chef, soit carrément hors du parti. Tous dénoncent la duplicité et l'absence de principes de celui qui dirige le