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Libération

«J'ai vécu dix jours, comme otage, avec les Ninjas». Capturé par la milice de Kolelas, Serge témoigne sur les massacres.

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publié le 26 janvier 1999 à 23h18

Brazzaville, envoyée spéciale.

«Tu es de nous?» Dans certains quartiers de Brazzaville, en état de guerre larvée depuis la mi-décembre, être congolais ne signifie rien. Face à une arme on est d'un camp. Ou de l'autre. «Et si tu ne réponds pas assez vite, on te fait voyager», dit Serge, tout gaillard d'avoir survécu jusqu'à aujourd'hui. Pour n'avoir pas eu l'occasion de dire qu'ils n'étaient ni du côté des Ninjas, la milice de Bernard Kolelas en exil aux Etats-Unis, ni du bord des Cobras, qui appuient l'armée du président Denis Sassou N'Guesso, des centaines d'habitants des quartiers sud de la capitale congolaise ont perdu la vie. Pris entre deux feux. Le 18 décembre, l'armée commence à pilonner les quartiers de Bacongo et de Makelekele, infiltrés par les Ninjas. Serge est loin de sa maison, affolé à l'idée que sa femme et ses deux enfants soient là-bas, pris entre deux feux. Malgré les tirs, il rebrousse chemin. Premier barrage, premier «bouchon», tenu par l'armée. Il reconnaît un chef cobra. Serge a beau être Lari, du Sud, une population supposée acquise à la cause de Kolelas, il est né dans un quartier nordiste ou du moins hétérogène. «Lors de la guerre de 1997, il fallait défendre la maison de mon père contre la milice de l'ancien président Lissouba. J'ai demandé une arme à un voisin, un général. Et je me suis retrouvé à combattre aux côtés des Cobras.» Le milicien le fait passer à Bacongo. «De loin j'aperçois les Ninjas. Ils m'appellent: "Tu es de nous? Parle un peu la