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Le Russe vu des pieds. Que mettre au pied? La rigueur du climat rend la question cruciale pour le Russe. Ces derniers mois, malgré la crise, une pléthore de magasins de chaussures se sont ouverts à Moscou...

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publié le 26 janvier 1999 à 23h18

Moscou, de notre correspondant.

Comment marche la Russie? Vaille que vaille, elle marche sur ses pieds. Lesquels ne vont pas nus, comme dans certains pays pauvres et chauds, mais forcément chaussés, surtout en hiver: comme les bottines s'usent ici plus vite qu'ailleurs, chaque année la femme russe les renouvelle, disent les statistiques. La crise a ravagé l'âme et le portefeuille, n'empêche, on n'a jamais vu autant de magasins de chaussures s'ouvrir à Moscou que ces derniers mois. Après les magasins d'alimentation, ce sont sans doute les magasins les plus nombreux. C'est qu'en Russie, compte tenu du climat et de l'état du macadam, la question de la chaussure est cruciale, avant même celle posée par l'autre extrémité du corps qui se résout, elle, en chapkas et bonnets aux vies plus longues. Qu'il se lève ou pas du pied gauche, la journée du russe commence douloureusement: «Comment se chausser? Tiendront-elles le coup?» Ces questions hantent le pays depuis des siècles, le libéralisme en a multiplié les occurrences dans une sorte de surenchère de l'offre et de la demande.

A la maison, le problème est réglé, d'un bout à l'autre de la Russie, par le port de chaussons. Le mot chausson est d'ailleurs excessif. Comment nommer ce bâillement découpé dans une sorte de serpillière que l'on enfile au pied du lit, ou que l'on met en rentrant chez soi, ou même que l'on lance à la tête ou plutôt au pied des visiteurs? Cette chose-là n'a pas de nom, tout au plus une vague odeur de vieux, de v