Londres, de notre correspondant.
La paix en Irlande du Nord est «imparfaite», a dû convenir Tony Blair, le même jour où était assassiné Eamon Collins, un ancien dirigeant de l'IRA, qui s'était retourné contre la formation paramilitaire républicaine. Collins, auteur d'un livre accusateur sur l'IRA, a été découvert près de son domicile de Newry, au sud de Belfast, mercredi matin, percé de coups de couteau et le corps écrasé par une voiture pour simuler un accident. «Sa mort a dû être atroce», a affirmé hier un enquêteur de la police nord-irlandaise, qui a indiqué «ne négliger aucune piste» pour traquer les assassins.
Mais, pour sa femme, l'identité des coupables ne fait guère de doute. «Finalement, ils l'ont eu», a affirmé Bernie Collins, veuve et mère de quatre enfants. «Ils», ce sont les anciens compagnons d'armes d'Eamon Collins, qui ne lui ont jamais pardonné de les avoir donnés, un crime irrémissible dans la société tribale nord-irlandaise. Collins, ancien officier de renseignement de l'IRA, avait organisé le meurtre d'une quinzaine de personnes dans les années 70. Arrêté par la police nord-irlandaise, il avait dénoncé ses frères d'armes avant de se rétracter. En 1997, il avait raconté son expérience, dressant un portrait d'une IRA, peuplée de tueurs et de psychopathes. Il avait donné de nombreuses interviews, et, malgré les menaces, avait toujours refusé de quitter sa ville très républicaine de Newry. Après l'attentat d'Omagh commis par une branche dissidente de l'IRA,