La situation économique de l'Iran n'est pas la moindre des menaces
contre le président Khatami. L'effondrement du prix du baril a révélé que la République islamique n'était pas dirigée économiquement depuis vingt ans. A présent, Téhéran est aux abois, au point que le régime, sa fierté dût-elle en pâtir, a dû demander le rééchelonnement d'une partie de sa dette celle-ci est de 12 milliards de dollars avec le Japon, l'Italie et l'Allemagne. En apparence, la rente pétrolière rapporte encore beaucoup, puisque l'Iran produit quelque 3,6 millions de barils par jour (officiellement, 3,36 millions b/j). En réalité, la consommation intérieure dévore une bonne partie de celle-ci: de 1,3 à 1,5 million de barils par jour, soit une consommation égale à celle de la Chine. Le mal est donc profond.
«Le problème est déjà au sommet de l'Etat. Si l'islam a exprimé une théorie politique et sociale, il n'a en revanche défini aucune théorie économique. Ce qui est grave en Iran, c'est que personne n'a le pouvoir économique. Celui-ci est éclaté. Même au sein des partisans de Khatami, il n'y a pas d'accord sur une politique précise. Le Président lui-même n'est pas un libéral et, comme il est issu de la gauche islamique, il a plutôt tendance à croire aux vertus d'une économie étatisée», explique un expert économique français. «L'Iran a suivi une politique à contretemps de ce qui se faisait ailleurs: quand toutes les économies s'ouvraient et se libéralisaient, il a fermé la sienne et l'a étatisée»,