Lahore, envoyé spécial.
Il faut emprunter un dédale de couloirs, au-dessus d'une usine de métallurgie, en plein centre de Karachi, pour aller débusquer le «bureau» du Sunni Tehreek. A l'entrée, de jeunes hommes à la barbe aiguisée montent la garde. Le chef spirituel du mouvement, Salim Khadri, reçoit, un revolver à ses côtés, protégé par son «assistant». Dans le coin de la pièce s'entassent cinq kalachnikovs, pas encore sorties de leurs cartons. Prévue depuis plusieurs jours, l'interview sera de courte durée. «La presse étrangère ne sert qu'à une chose: répandre la propagande contre le Coran. Je n'ai qu'un message à délivrer: l'Amérique veut éliminer l'islam et les islamistes. Nous nous battrons jusqu'au bout.»
Le message est clair, il est aussi celui de la douzaine de groupes extrémistes islamiques que compte aujourd'hui le Pakistan. A lui seul, le Sunni Tehreek est soupçonné d'une dizaine de meurtres, alors que le pays sombre, depuis le début des années 90, dans une violence sectaire sans fin. Les affrontements entre groupes sunnites (majoritaires, ndlr) et chiites ont fait plusieurs milliers de morts, notamment dans les provinces du Pendjab et du Sind. Début janvier, quinze personnes ont été tuées dans une attaque contre une mosquée chiite à Multan, dans le centre du pays.
République islamique. «Nous devons faire face à une radicalisation des mouvements islamistes», s'inquiète Asma Jahangir, l'avocate la plus connue du Pakistan et rapporteuse à l'ONU sur la question des dr