Caracas, de notre correspondant.
«Je suis sans doute là pour dix ans.» A peine investi, mardi, le nouveau président vénézuélien, Hugo Chavez, a confirmé qu'il ne se laisserait pas déloger aisément. Et il a annoncé, à la surprise générale, qu'il serait candidat" dans cinq ans à sa propre succession, une réélection pourtant interdite par l'actuelle Constitution. Mais l'ex-lieutenant-colonel putschiste n'en a cure: il va se faire retailler des institutions à sa mesure «sans lésiner sur les mètres de tissu», s'amuse l'ancien président social-démocrate, Carlos Andres Perez, qui ajoute, mi-admiratif mi-craintif: «Mais il va tout de même un peu vite.»
Discours fleuve. Fort de sa triomphale élection, le 6 décembre, Chavez n'entend partager le pouvoir avec personne, et surtout pas avec les partis politiques traditionnels l'Action démocratique (social-démocratie), et le Copei (démocratie chrétienne) qu'il a proprement mis à mort lors du scrutin présidentiel. Il l'a rappelé avec force, dans le discours fleuve qu'il a prononcé devant le Congrès, après avoir ceint l'écharpe présidentielle et face à un parterre de chefs d'Etat et de gouvernement, dont un Fidel Castro attentif et admiratif, et une foule d'un million de personnes.
«Je suis le messager de la résurrection», a promis le nouveau numéro un vénézuélien, avant d'établir le diagnostic «catastrophique» selon ses propres termes de la situation économique, politique et morale de son pays. «Nous avons englouti, lorsque le prix du pé