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Libération
Interview

«Il faut qu'il devienne un vrai populiste latino-américain». Le professeur Jorge Castañeda analyse les chances de réussite de Chavez.

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publié le 4 février 1999 à 23h36

Jorge Castañeda, professeur à l'université autonome de Mexico, est

l'un des intellectuels latino-américains les plus en vue. Il est l'auteur d'un ouvrage sur «la gauche latino-américaine après la guerre froide», et, plus récemment, d'une biographie de Che Guevara. Interview en marge du Forum de Davos, auquel il participait.

Que représente pour vous l'élection d'Hugo Chavez dans le paysage politique latino-américain actuel?

Il faut distinguer entre ce qu'il représente par le symbolisme de sa victoire, et ce qu'il peut représenter selon ce qu'il fera. Le simple fait qu'il ait été élu montre qu'il y a un rejet réel de la part d'une partie de l'électorat, non pas tant des politiques, mais plutôt d'une classe ou d'une élite politique, intellectuelle et d'affaires, et même ethnique. Une majorité écrasante des votants de couleur ont choisi Chavez, et une majorité écrasante des Blancs ont voté pour son rival. L'électorat a voté contre cette élite: c'est à mes yeux positif. Chavez peut aussi être important par ce qu'il fera. Je souhaite qu'il devienne tout ce que les élites craignent qu'il soit. J'aimerais qu'il devienne un vrai populiste latino-américain. Tout le monde est contre, mais je pense que c'est une bonne chose.

En quoi?

Il faut des dirigeants latino-américains qui s'occupent des gens. Parfois, on fait des erreurs, il faut les corriger et en payer le prix. Mais il vaut mieux à mon avis faire les choses et commettre des erreurs, plutôt que de ne pas les faire par crainte de co