Jérusalem, de notre correspondant.
Il y a d'abord le «frère» David: il s'occupe du parc immobilier de la communauté quand il n'emmène pas un groupe de touristes sur les pas de Jésus-Christ. Assis à l'écart, Ramon, l'ancien junkie, vient d'inventer un jeu de société à but millénariste. D'une écriture en pattes de mouche, il couche sur le papier les règles de son «Divinopoly»: «Tu as rencontré le Seigneur, avance de deux cases"» Sur le lit, Sharon, sa mère, inonde comme chaque jour le monde extérieur de ses lettres apocalyptiques. A l'autre bout de la pièce, la toute nouvelle épouse de Ramon, Karen, vêtue en cartomancienne, la boule de cristal en moins, lit la Bible, un doigt posé au début de chaque verset. Elle se prépare à interpréter une danse à la gloire du Très-Haut qu'elle a intitulée Davidienne, non en l'honneur de son hôte, le frère David, mais du roi des Hébreux.
Lutte finale. Ainsi se déroulent leurs journées, que l'on pourrait qualifier d'ordinaires si elles ne précédaient un événement d'une portée aussi considérable. «Nous disons au monde que Jésus sera bientôt parmi nous et qu'il faut se tenir prêt à l'avènement de son règne», explique Sharon. D'ici là, il faut bien tuer le temps. Tous les quatre guettent le retour du Messie, comme on attend un ami sur un quai de gare. Ils connaissent approximativement son heure d'arrivée et sa station. «Nous ne sommes pas dans un coin reculé de Los Angeles, souligne le frère David qui, comme ses adeptes, se déclarait américain avan