Elle était ravie quand elle a signé son contrat. Elle allait gagner 200 dollars (environ 1200 francs) par mois, comme femme de ménage au domicile parisien de K. H. M., l'un des délégués du sultanat d'Oman à l'Unesco. Ismah Susilawati, Indonésienne de 34 ans, quittait les faubourgs de Djakarta, où elle était employée dans un jardin d'enfants pour un salaire quatre fois moindre. Son nouvel employeur payait le prix du billet d'avion, assurait le logement, la nourriture, les uniformes de travail. De son côté, Ismah s'engageait à «être attachée aux traditions et coutumes, suivant les préceptes de l'islam», et à effectuer ses services «avec dévouement et responsabilité». Articles 4 et 9 du contrat de travail signé le 3 décembre 1996 dans une agence de Djakarta.
Ismah avait déjà travaillé comme femme de ménage. Pour 150 dollars mensuels, à Riyad, chez un prince saoudien. L'épouse du prince, «My princess» dit Ismah, l'avait envoyée chez la femme d'un riche fermier de ses amis pour apprendre à faire la cuisine saoudienne. La vie à Riyad n'était pas désagréable: «J'étais une domestique très occupée, je courais à droite à gauche, j'étais très fatiguée, mais ça se passait bien.»
Le lendemain de la signature du contrat, voilà la jeune Indonésienne, minuscule brune aux allures de petite fille, en charge du premier étage d'un immeuble du XVIe arrondissement: salon, living, cinq chambres, quatre salles de bains, cuisine, dépendances. Et de ses résidents: monsieur K. H. M., trois enfants, 7, 1