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Libération

Moralisation forcée à La Havane. Castro fait désormais la chasse aux stupéfiants et à la prostitution.

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par Carlos FUITZER
publié le 5 février 1999 à 23h38

La Havane, correspondance.

Fidel a sa tête des mauvais jours et tripote nerveusement son micro. Le 6 janvier, devant 5 000 policiers, il dénonce: l'ennemi est dans les murs. La cinquième colonne des «contre-révolutionnaires» n'est plus constituée de saboteurs de la CIA mais de prostituées, proxénètes, trafiquants de drogue, cambrioleurs et voleurs à la tire. Fidel s'est fâché et a décidé de prendre en main les dossiers de la délinquance et du trafic de drogue, qui atteignent des niveaux sans précédent à La Havane.

Implications. La saisie dans le port de Carthagène par la police colombienne, assistée d'agents américains, de sept tonnes de cocaïne à destination de l'Europe via La Havane semble avoir mis le feu aux poudres. Une fois de plus, les rumeurs d'implication de hauts responsables du gouvernement cubain dans le trafic de stupéfiants vont bon train. Comme en 1989 lors de l'affaire Ochoa, Castro s'est empressé de jeter deux coupables en pâture à la presse.

José Royo Llorca et José Anastasio Herrera, gérants de l'entreprise mixte cubano-espagnole enregistrée à La Havane sous le nom d'«Artesania Caribena Poliplast y Royo», ont, il est vrai, le profil des coupables idéaux. Ils menaient grand train à La Havane, avec yacht, villas et réceptions tapageuses. Depuis, tous leurs biens ont été saisis, et ils se sont réfugiés en Espagne. D'après la police cubaine, 14 conteneurs en provenance de Colombie ont transité par La Havane entre août 1997 et juillet 1998, pour repartir vers Vig