Que sait-on vraiment du prince Abdallah, sinon que son destin n'était pas celui qui l'attend désormais: succéder à son père et assumer ainsi la responsabilité d'un royaume aux équilibres précaires mais essentiels à la stabilité de la région? Une seule chose est sûre: sans un brutal changement dans l'ordre de la succession, ce militaire de 37 ans, devenu général en 1994, puis commandant des forces spéciales une unité d'élite antiterroriste , n'aurait jamais régné. En 1965, cible de plusieurs attentats, Hussein, préoccupé par une possible vacance s'il devait lui arriver malheur, avait fait modifier la Constitution au profit de son frère, le prince Hassan ibn Talal. Abdallah, son fils aîné et donc successeur naturel , n'a alors que 3 ans.
Trente-quatre ans plus tard, le prince, né de sa seconde épouse, la Britannique Toni Gardiner, se retrouve aux commandes d'un pays dans lequel il n'a passé que la moitié de sa vie. Avant le divorce de ses parents en 1972, Abdallah vit déjà entre Amman et la Saint Edmund's School dans le Surrey. Quand Hussein et la princesse se séparent, il a 10 ans et va étudier aux Etats-Unis, avant de retourner en Grande-Bretagne, notamment à Oxford, puis dans l'académie militaire de Sandhurst. «J'ai même commandé une troupe de 16 gars du Yorkshire qui n'avaient pas la moindre foutue idée de qui j'étais», lancera-t-il, ironique, en évoquant les quinze mois passés dans un régiment de la cavalerie britannique. A partir de 1985, Abdallah complète sa format