Bruxelles, de notre correspondant.
La Belgique existe encore, mais pour combien de temps? Les Flamands (60% des dix millions d'habitants) rêvent désormais à voix haute d'indépendance, même s'ils n'osent pas encore hormis l'extrême droite du Vlaams Blok employer ce mot: la résolution adoptée mercredi par la commission institutionnelle du parlement régional flamand propose ainsi de réduire l'Etat fédéral à sa plus simple expression et de répartir la plupart de ses compétences actuelles entre la Wallonie (francophone) et la Flandre. Bruxelles (francophone à 85% mais situé en Flandre) serait soumis à la tutelle des deux nouveaux «Etats fédérés». C'est clair, net et sans bavure.
Année délicate. Encore une fois, les francophones, qui regrettent la Belgique unitaire du bon vieux temps, sont sur la défensive, et l'on voit mal comment ils vont pouvoir s'opposer très longtemps à l'ultimatum flamand. «A quelle sauce veulent-ils nous manger?», titrait ainsi jeudi le journal populaire la Lanterne. Car cette année 1999 est celle de tous les dangers pour ce petit pays déchiré par une véritable «guerre civile» froide. Pour beaucoup d'observateurs, les élections législatives, régionales, municipales et européennes du 13 juin prochain pourraient bien sonner le glas du royaume.
Si les sondages se confirment, la constitution d'un gouvernement risque de se révéler difficile: pour la première fois, les francophones et les néerlandophones ne vont pas donner la majorité aux mêmes partis politique